samedi 2 mai 2009

Espionnage au salon du tifaifai

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Petit tour à la Mairie de Papeete pour le salon du tifaifai. Deux salles climatisées sont réservées aux mamas qui exposent leurs travaux. Au premier étage, la salle plus petite a une ambiance sympa, on plaisante entre vieilles copines, on répond aimablement aux questions des touristes émerveillés par certaines broderies, et on m'autorise avec le sourire à faire des photos. Une des mamas me demande si elle pourra voir mes photos. Volontiers, lui dis-je avant de lui demander son adresse mail, ce qui est assez idiot de ma part puisqu'avec un sourire encore plus éclatant, elle me répond "hiyaaah Monsieur, j'ai pas ça moi les zimèles....", et donc inutile de lui parler du Tahiti Herald Tribune évidemment. Elle me laisse donc ses coordonnées et je promets de lui envoyer des tirages de mes photos sur papier. Yvette, c'est son prénom, me dit qu'il y a une plus grande salle au 2ème étage. J'y cours... Plus d'espace en effet et ambiance plus froide. Je finis là aussi par demander l'autorisation de faire des photos, et on me dit "ça dépend... c'est pour quoi ?"... Quand je prononce les mots blog et internet, j'entends un choeur de septuagénaires me répondre "ah non c'est interdit alors !". J'essaye gentiment d'avoir une raison : c'est parce que les mamas du 2ème craignent qu'on les copie et que leurs motifs soient repris en impression chez des industriels qui vont faire de faux tifaifais dans des pays du quart-monde et revendre ça à un prix dérisoire qui va casser leur marché. Il me semble pourtant que les gens savent faire la différence entre une merde pré-imprimée ou cousue grossièrement avec "made in petaouchnok" et un beau tifaifai typique, cousu proprement ou brodé...
Bon c'est vrai que c'est pas donné et qu'il faut pouvoir s'offrir un couvre-lit à 300 euros...
Tant pis pour les mamas du 2ème et merci à Yvette, à qui je fais volontiers une petite pub gratuite, vous pouvez l'appeler au 78 08 32 (elle n'a pas d'ordinateur mais elle a un portable quand même...), elle est charmante et fait vraiment du joli travail...

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4 commentaires:

Unknown a dit…

J'ai acheté un bel ensemble tifaifai l'année dernière à la boutique compagnie du pacifique (fare ute). Valeur +/- 30 000 xfp pour l'ensemble (les taie d'oreillers, le drap et le dessus de lit). Jolis motifs polynésiens, bien réalisé et tout et tout. Et puis, à la maison, j'ai lu l'étiquette "made in indonesia", ça m'a fait bizarre... La mamie du 2ème ne fait pas de paranoïa, les contrefaçons existent bien pour le tifaifai : vendues presque le même prix, qualité irréprochable, mais fabriqué par des gosses en Asie pour 10 fois moins cher...

LOLO a dit…

>> JEROME >> Ok je respecte leur vision et c'est pour ça que je demande toujours l'autorisation de prendre des photos (question de politesse élémentaire de toute façon), mais c'est le décalage entre la méfiance du 2ème étage et l'accueil simple et chaleureux d'Yvette et ses copines à l'étage du dessous.
Quel est l'impact de l'espionnage en terme de manque à gagner pour les mamas ?
Y'a-t-il vraiment un renouvellement des motifs créés d'année en année ? (j'ai l'impression qu'on tourne en rond avec toujours les mêmes feuillages, le même arbre à pain...) ?
N'est-il préférable de communiquer, de se montrer, de se faire connaître ?

Anonyme a dit…

hei paie renouveller ????? pourquoi ca existe ca???,tiafaifai made in tahiti(tissus asia, aiguilles china, fil china, petite main tahiti) vous avez dit "made in tahiti"?
paeaitinui

Poerani a dit…

Bon, je me pose parce que je connais un peu :

1) les pièces importées sont taxées à 82 % de TDL que le motif soit polynésien ou pas, c'est à dire que même un tissus avec des bandes de couleurs appliquées sont considérés comme des tifaifai.

La CdP comme les autres n'ont jamais vendu leur pièces comme de fabrication locale. Ce qui est fait en plus ne se fait même pas en local (draps, nappes, rideaux etc...)

2) A l'origine de ce salon du Tifaifai, il y a eu un ministre de l'artisanat (G. Puchon), suite à un voyage à Hawaii avec des amis où il avait pu constater que là-bas les pièces vendues étaient très chères et fabriquées aux Philipinnes, il avait eu envie de mettre en valeur le travail du tifaifai local. Est né à cet époque, le premier salon du Tifaifai d'où sont sortie de vieilles malles des familles, des pîèces extrêmement anciennes qui n'avaient jamais été mises en valeur (pour plus de renseignements : Hina Vaitoare qui travaillait alors au ministère et qui avait réussi avec d'autres à convaincre ces familles de confier au ministère ces trésors le temps d'une exposition).

3) Un livre est sorti à cet époque retraçant l'histoire du Tifaifai (avec notre Mama Rere en couverture, décédée depuis). Il est épuisé depuis et n'a jamais été réédité. L'idée du patron de tifaifai inclu dans le livre est de moi, j'en suis assez contente.

Depuis le salon est devenu une institution, c'est génial. mais la guerre du tifaifai n'est pas intéressante car elle n'est absolument pas juste dans la mesure où les commerçants importateurs sont taxés à mort (82%). L'abus vient souvent d'artisannes locales également qui tue leur propre clientèle en vendant des pièces de mauvaise qualité cousues à la machine à des prix tout à fait prohibitifs (70 000 cfp, vu dans un salon, il y a peu de temps, la pièce n'avait même pas été fabriquée ici mais à l'étranger et çà, çà s'appelle du vol, de l'escroquerie dans la mesure où elle en tant qu'artisanne locale n'a pas payé la TDL, ce qui lui laisse une marge on ne peut plus confortable.

Ceci dit, Lolo tes photos sont superbes.

bon week end.