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J'ai enregistré l'émission ARCHIPELS qui présentait l'excellent film de Pascale Poirier intitulé LA VAHINE, ENTRE MYTHE ET REALITE...
Une oeuvre tout à fait intéressante en plus d'être esthétiquement réussie, sur un thème qui me passionne (la femme... sujet sur lequel j'aime me pencher...) qui vaudrait bien un grand prix du FIFO, et qui, aussi, permet de réfléchir sur le mythe de Tahiti, l'icône de la vahine, et la réalité polynésienne contemporaine.
Car, au fond, un mythe, comme un fantasme, doit-il être concrétisé ? réalisé ?
Quel polynésien de souche ou d'adoption n'a pas fait l'expérience de se trouver à l'étranger en disant qu'il vient de Tahiti, et susciter aussitôt dans les yeux de l'interlocuteur une admiration réelle, ou des "oh my god, you live in paradise !"...
Et oui, dans l'inconscient collectif, comme le dit justement dans le film le publicitaire local Laurent Brissonnaud, Tahiti est associé à des icônes paradisiaques dont la légendaire vahiné, à la peau dorée, aux longs cheveux noirs, soyeux, sentant bon le monoï...
C'est vrai que, poursuit Brissonnaud, lorsqu'on évoque les Seychelles ou l'île Maurice par exemple, on a de vagues images de plages, de cocotiers, mais Tahiti a ce petit plus éternel qui a la vie dure, et qui finirait presque par être un inconvénient.
Je mets l'extrait vidéo où l'écrivain Chantal Spitz, de Huahine explique que les femmes polynésiennes souffrent de cette image mythique de la vahiné, car elles existent à travers ce mythe et non à travers leur propre identité. On appréciera sa très juste et amusante description des navigateurs colons arrivant en Polynésie après des mois de voyage... Assurément, pas de quoi faire délirer les filles d'ici qui ont sous les yeux tout ce qui leur faut dans le sexe opposé !
Et puis tout le paradoxe du côté mythique de la Polynésie et de ses vahinés c'est que nous pourrions difficilement l'utiliser à des fins promotionnelles, et c'est bien dommage parce que le tourisme en aurait bien besoin, mais tant que les billets d'avion seront hors de prix, tant que rien n'aura été décidé politiquement pour réellement favoriser le tourisme, tant que Papeete sera une ville morte dès le samedi midi, tant que les plages seront des dépotoirs, et ben il vaut mieux la mettre en veilleuse avec le mythe qui risquerait de prendre un coup fatal, au contact brutal d'une réalité qui n'est pas vraiment à la hauteur...L'image du paradis et de la Nouvelle Cythère vaut pourtant tous les labels de qualité ISO je sais pas combien...
Mais bon, ils disent "invest in your love"...
Bravo pour ce documentaire passionnant qui nous donne l'occasion de revoir Tumata Robinson et ses danseuses, avec un intéressant témoignage de Moena (mon deuxième extrait).
A préciser quand même que Tahiti est aussi peuplé de jeunes filles "demies", que la réalité c'est aussi le métissage, que de jolies filles nées ici portent les cheveux courts et se forgent une personnalité avec des influences occidentales plus modernes qu'elles tiennent de leurs parents ou de références culturelles extérieures.
Teva Sylvain, le roi des photographes de vahinés et des calendriers, indique d'ailleurs que l'illustration du mythe passe, d'une part, par des filles topless mais aussi, d'autre part, par le recours à des mannequins qui ne sont pas nés en Polynésie mais qui ont "le look vahiné", donc il y a adaptation du "produit vahiné" à la demande du client.
Autant de termes mercantiles de la société de consommation qui nous éloignent aussi de la pureté du mythe tout en le faisant vivre.
Que de paradoxes... Ce mythe c'est un peu comme Babylone, nom magique chargé de tous les stéréotypes de l'Orient, dans toute son exhubérance, ses richesses, ses mystères, ses mille et une nuits, ses parfums... aujourd'hui c'est un site en Irak à 100 kilomètres de Bagdad.... ah ouais ? ...euh... bon ben non alors...
Tout évolue, les temps changent, dommage que l'image mythique hors norme de la Polynésie se heurte aux implacables réalités de la société moderne et de la crise, alors que d'autres lieux sur le globe, sans aucun passé légendaire particulier, connaissent un essor et un développement économico-touristique compatible avec l'environnement, sans perdre leur âme...
Mais le propre d'un mythe n'est-il pas justement de ne pas évoluer et de rester intact ?
Heureusement, ce qui n'est pas une légende, ce sont les sourires nombreux que l'on peut croiser à Tahiti au cours d'une journée sur de jolis visages féminins de tous âges et de toutes origines.
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13 commentaires:
Dans la première vidéo, faudrait demander a la dame de ne pas penser avec ces préjugés du 21 Siècle. Faudrait pas qu'elle oublie que Tahiti Douche, c'est juste une marque déposée. Ensuite ils ne devaient pas être si pouilleux que ça le marins vu la descendance qu'il ont laisse.
Elle ne se dit pas la dame, que les guerres tribales incessantes, incitaient les vahines a procréer avec des étrangers entre autre... Encore une qui prend ces rêves pour la réalité et qui se pose en gardienne de l'identité polynésienne. N'importe quoi.
elle est marrante la vieille frustrée qui se prend pour une intello avec ses raisonnements de pousse caillou.
Qu'elle se rassure on va lui sortir un anti-mite de Tahiti à la fleur de monoï. héhé
Dans les repoussoirs anti touristes t'a oublié les éternelles rengaines médiatisées sur les essais qui ont tout pollué.
OQPHIé
d'ac avec toi Lolo sur l'intérêt de ce documentaire.
on peut peut-être pousser le débat un peu plus loin et comparer avec Hawaii, qui a eu aussi son mythe de la vahine et de la fête dans les années 50-60, chemises à fleurs, douceur de vivre, cocktails noix de coco, tiki and more...
ils ont su mettre un peu de côté le mythe un jour et passer à une étape moderne de développement, et de faire de Hawaii l'île des vacances "paradisiaques" OÙ L'ON S'ÉCLATE !!!
ce qui n'est pas vraiment le cas chez nous...
parce que si on enlève les vahines, les paysages sont aussi beaux que dans d'autres archipels, où là, ON SAIT ACCUEILLIR LES VISITEURS.
"invest in your love"...mon ti'o oui !
Mounjou
A quand un docu intitulé
La grognasse moche, mythe ou réalité ?
>> ANONYME 01:56 >> Merci pour ton comm' mais tu y vas un peu fort camarade ! Oublies un peu les icônes hollywoodiennes, et admets, comme Chantal Spitz, que les premiers navigateurs qui débarquaient sur Tahiti n'avaient évidemment pas le look et le glamour de Marlon Brando ou Mel Gibson !!! et puis dire que les guerres tribales incitaient les femmes à procréer avec des étrangers, là c'est un raccourci historique étonnant. Tu as des références de textes historiques dans ce sens ? j'ai des doutes...
>> OQPHIé >> Ben purée c'est la St Chantal aujourd'hui ou quoi ?
Par contre c'est vrai que les essais nucléaires ont certainement laisser des cicatrices sur le mythe...
>> MONJOU >> En effet, Hawaii, que j'adore et que je connais bien, est un bel exemple de ce que la Polynésie aurait pu devenir
>> PEHU OE >> Regarde "confessions intimes" qui passe de temps en temps sur TNTV, tu trouveras une jolie palette...
Ben moi j'aime ses livres à Chantal Spitz ; elle y décrit la vraie Polynésie !
sa réaction "ces pouilleux de marins etc..." contrebalance bien le mythe de la Vahiné justement, et toc ! elle se venge...
parceque les vahinés, hein, elles devaient être édentées et + même avec affinités...
ex-aequo !
dis, je peux emprunter une vidéo pour mettre chez moi ? !!
où justement je fais un petit "envers du décor" à ma façon ?
Petite perle retrouvée sur EVENE sur l'habitat de notre chère et douce Chantal
http://www.evene.fr/celebre/biographie/chantal-spitz-24973.php
Eh oui, c'est pour cela qu'elle voit même de nuit!
ben dis donc lolo çà pue le racisme à plein nez tous ces commentaires; heureusement que tu es là pour calmer un peu ces réflexions à la gomme. a mon avis ce ne sont pas des locaux qui écrivent çà !
>> MELLY >> Merci de rappeler que Chantal Spitz est écrivain et fait des livres intéressants parce que ça dérape...
Par contre "vahines édentées" ? Là aussi permets moi d'avoir des doutes : à l'époque l'amimentation était naturelle et n'était pas polluée par toutes les sucreries occidentales, donc pourquoi imaginer des édentées. Je suis sûr qu'elles avaient de jolis sourires...
Et enfin oui bien sûr, tu pioches ce que tu veux dans mes vidéos, vas sur ma page Dailymotion et recopie les codes comme tu le sens...
>> TOPIKITE >> Merci pour ton lien très amusant ou EVENE nous informe que Chantal vit dans un phare ! Ben oui quand on ne connait le mot fare (que l'on prononce faré). Et puis sur les accusations concernant Gauguin, je ne sais pas si elle a des preuves, s'il existe des textes évoquant son éventuelle pédophilie, mais je n'avais jamais entendu ça et il y a (hélas?) prescription...
>> VAHINE LOCALE >> Ben oui je suis étonné qu'un sujet aussi apolitique et consensuel déclenche ce genre de commentaires d'autant que Madame Spitz, même si elle y va un peu fort (elle le dit elle-même dans l'extrait), est une érudite, et pour de simples questions de logique, il faut bien reconnaître que sa vision des navigateurs colons n'est pas du tout invraisemblable...
Je suis tout sauf une spécialiste de Chantal Spitz ou de la Polynésie, mais j'ai lu son livre "l'île des rêves écrasés", et c'est un beau livre, une écriture simple, directe qui vous imprègne et vous marque.
Maintenant les préjugés...j'ai comme l'impression qu'ils ont bien partagés par toutes les parties :)
>> CHRISTELE >> Merci pour ce témoignage sur le livre de Chantal Spitz, et, en effet, les préjugés peuvent surgir de partout. C'est dommage parce que ce beau documentaire est sensé se laisser regarder, faire un peu réfléchir, mais en aucun cas déclencher une quelconque polémique...
Un très bel article pour compléter les propos de Chantal
http://clio.revues.org/index1742.html
J'ai beaucoup aimé sa remarque sur les femmes du 18è siècle, et "c'est pas mieux à présent"
Tant d'amertume dans ces propos, alors qu'à mon avis , le mythe de la vahine,(qui n'est pas un mythe) est si positif, sensualité, gentillesse, propreté, sourire, ect...
Et si ce mythe n'existait pas, sur quoi, Chantal pourrait-elle donc écrire???
Dommage car j'ai adoré ces livres, mais les fantomes reviennent toujours au galop, ce de la pensée unique, l'enfermement dans le passé, ect...
Vive les belles vahine
Il y a une part de moi qui est d'accord avec ses propos sur le mythe qui nous a englobé dans un imaginaire qui n'a cessé de grandir au fil des années. En manque de culture et d'une approche culturelle fortement française, notre identité s’est trouvé à un carrefour ou tahitiens demis ou pas nous devions choisir notre culture , française ou tahitienne .En vue des études qui nous attendaient et de la décrépitude de notre langue tahitienne dans les divers "job",la question ne se posait plus. Aujourd'hui, il serait important que notre culture et notre histoire nous reviennent dans le cadre des institutions, des écoles et des cadres touristiques. Que nous soyons fiers d’être des tahitiens français.
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